COMMISSAIRE(S)
Nathalie Ergino avec la collaboration de Sarah Caillet


PRODUIT PAR
Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes

Rassemblant œuvres existantes et productions récentes de Camille Llobet, l’exposition Fond d’air propose une plongée au coeur de l’humain. Depuis une dizaine d’années, l’artiste s’intéresse à la prosodie de la langue, soit la tonalité, l’accent ou toute autre variation que subit le langage lorsqu’il entre dans une forme d’oralité. C’est par le son, le bruit, en tant que vecteur à la fois d’information et d’expression, qu’elle rencontre et restitue son sujet. C’est également du bruit que provient le titre de l’exposition. Dans le secteur du cinéma, le « fond d’air » désigne le silence habité, le bruit de fond propre à chaque lieu de tournage.
Ici, on entend un torrent au loin, là, ce sont les pierres qui s’écroulent, la montagne qui tremble… autant d’éléments indiciels qui, pourtant donnent une épaisseur au silence.

Qu’il s’agisse d’analyser les contours de la langue ou de dessiner un paysage par le son, il est souvent question dans le travail de Camille Llobet, du bruit comme empreinte du corps et du mouvement. C’est à travers le corps, en tant qu’il perçoit et exprime, qu’elle esquisse le portrait sensible de ses sujets et de ses performeurs. C’est également par le corps que le visiteur appréhende l’espace de l’exposition. Pensées comme des volumes, les œuvres vidéo relèvent de l’expérience. Les projections plongent dans les mouvements du corps pour rendre possible l’attention aux gestes infimes ou spontanés.

Retravaillée à la manière d’un studio d’enregistrement, l’exposition offre quant à elle une possibilité d’écoute inédite : le visiteur est conduit à traverser différentes textures sonores, chacune choisie pour permettre à l’œuvre de s’incarner. L’artiste imagine ainsi une expérience à échelle 1 et transpose à l’espace d’exposition les contraintes jusqu’ici réservées à ses lieux de tournages.

Dévoilé à l’occasion de Fond d’air, le projet Pacheû signe ce changement d’échelle et de paradigme. Jusqu’ici animée par le besoin d’ausculter les perceptions et les interprétations humaines dans un cadre décontextualisé, Camille Llobet situe pour la première fois son étude en haute montagne pour une immersion dans la matière, les lignes et les glissements d’un milieu aussi grandiose que menacé.