De la grotte de Lascaux au pop-art, en passant par Giotto ou Raphaël, du post-surréalisme au courant conceptuel, le dessin constitue l’un des moyens d’expression les plus utilisés dans la création artistique. Pour sa première exposition collective dans le nouveau lieu de la rue Assalit, l’Espace A VENDRE « appelle aux armes » quinze de ses artistes, avec un seul mot d’ordre : dessiner. Dans Drawing by Numbers, des artistes confirmés comme Ben ou Philippe Ramette, se confrontent sur le terrain de l’encre ou du crayon sur papier aux jeunes diplômés de la Villa Arson – Quentin Spohn et Gabriel Méo. Tour à tour, parfois en même temps, les références à l’histoire de l’art, la virtuosité technique ou la critique de la société se succèdent dans leurs œuvres, entre retour aux sources et contemporanéité. On reconnait l’aiguë et cruelle satire sociale de la Nouvelle Objectivité nordique dans les personnages grotesques aux visages déformés de Quentin Spohn – issus, peut-être, de la même planète que les ombres croquées par Charlotte Pringuey-Cessac. Les personnages tristes, bizarres et incongrus de Baptiste César et Franck Saïssi convoquent directement la culture populaire du monde post-moderne, tandis que les listes mystérieuses de Thierry Agnone, les vignettes de Philippe Ramette comme les figures immobiles esquissées par Emmanuel Régent suspendent temps et jugement. Les Bon baiser de Turquie volés dans les rues d’Istanbul par Charlotte Pringuey-Cessac racontent les règles imposées par certaines sociétés et la beauté qui parfois se cache dans les infimes transgressions. Les noirs et blancs intenses des portraits de Thierry Chiapparelli se confrontent aux couleurs vives de ceux de Thierry Lagalla. Des éclats éphémères de lumière hantent les sombres tableaux de Stéphane Protic, pour mieux révéler la beauté. Blancs et noirs se réunissent dans les architectures isolées et magnifiées de Stéphane Steiner, comme sous les traits précis du jeune tandem Martinet & Texereau. Ces lieux du quotidien nous conduisent enfin aux cahiers d’architecture de Karim Ghelloussi, où les traits de feutre renvoient le dessin à son passé, son enfance.