Les dessins à la pierre noire de Quentin Spohn se construisent à partir d’une multitude de détails qui s’organisent et composent d’imposantes fresques. À la croisée de la chronique de l’époque et du recueil des obsessions de l’artiste, cette œuvre qui s’en réfère aux maîtres de l’anticipation sociale (J. G. Ballard en chef de file) autant qu’à la peinture figurative américaine, pose un univers dystopique et anxiogène. Il se compose également d’éléments empruntés à l’actualité et à la « culture numérique ». La grille des jeux vidéos de plateau, par exemple, peut venir soutenir un ensemble baroque d’éléments en tous genres. Des personnages identifiables sont également mis en scène dans des compositions étranges, à l’image de ce Jérôme Kerviel embrumé d’un torrent de chiffres et posté sur une liasse de billets. Les dessins de Quentin Spohn s’imposent à l’espace en se déployant en très grand format (dessin sur toile) ou en se donnant à voir dans des ensembles composites. Ils semblent inviter à une plongée dans la masse infinie de données qui nourrit la vie de l’artiste comme celle de chacun.